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La France doit-elle coloniser Madagascar ? Doit-elle évincer l’Angleterre de la Grande Ile et/ou empecher l’affirmation d’un gouvernement Hova (la principale ethnie de l’île)?
Au début des années 1880, le débat colonial fait rage en France. Il est marqué par l’idéalisme civilisateur républicain de gauche, porté notamment par Jules Ferry, non sans mépris pour les “indigènes” jugés dépourvus des Lumières françaises. Cet impérialisme colonial se double aussi, dans le cas de Madagascar, d’un certain discours antiprotestant...
Lire la suite ici (lien, Fil-info Francophonie sur Regardsprotestants).
Une éclairante controverse traverse actuellement le champ des sciences sociales (et de l'intelligentsia) en France. Tout est parti d'une charge violente et argumentée, au ton alarmiste, contre le "décolonialisme" (sic). Elle a été signée par 80 intellectuels, et non des moindres (lien). L'idée vise à alerter sur la nocivité supposée des rhétoriques post- ou décoloniales, dont on estime que les stratégies "attaquent frontalement l'universalisme républicain" (sic).
La mouvance ainsi attaquée n'a pas répondu sur le même mode.
Mais une historienne, Ludivine Bantigny, a apporté une réponse vigoureuse, argumentée (elle aussi).... et nettement plus convaincante à mes yeux (lien). En-dehors de quelques nuances, je souscris au texte de Ludivine et je la remercie.
A partir de mon long parcours intellectuel d'historien du contemporain, mais aussi éclairé par mon itinéraire personnel, je suis profondément convaincu, comme cette collègue, qu'on ne pourra mieux réaliser les promesses de la République, si souvent trahies, qu'en passant par le décentrage décolonial et postcolonial. Et il y a encore du boulot!
Cet exercice provoque certes des dérives, parfois graves, dont il convient de combattre le sectarisme. Mais le décentrage lui-même est salutaire, nécessaire, et porteur d'espoir.
A suivre...
Comment la culture populaire en France a-t-elle présenté les sociétés d’ailleurs aux plus jeunes? Quels images et récits ont guidé leur découverte du monde et de l’étranger?
Une réflexion sur l’éducation et l’altérité à travers la littérature jeunesse du XIXe siècle à nos jours au travers d'une exposition qui sera proposée le mois prochain au Musée du Quai Branly (du 23 mai au 7 octobre 2018), et auquel a participé ma collègue Anne Ruolt (contribution sur les tirelires missionnaires du XIXe siècle).
L'historien Gilbert Meynier, professeur émérite à l'université de Nancy II, nous a quittés à l'âge de 75 ans.
Il a renouvelé l’histoire des origines du nationalisme algérien dans sa thèse intitulée L’Algérie révélée (1981).
Auteur de nombreux travaux de grande valeur, c'était un historien reconnu pour la qualité de ses recherches, et un très bon professeur, dont j'ai eu le privilège de suivre les cours durant un an lorsque j'étais étudiant à Nancy.
Amoureux de l'Algérie, il est de ceux qui a inlassablement cherché, au travers de sa discipline, à débusquer les mythes qui séparent, pour ouvrir sur une histoire postcoloniale assumée et partagée. Respect.
En France, de plus en plus de voix s'élèvent pour réformer le Conseil Constitutionnel.
On comprend pourquoi en découvrant la décision discriminatoire qu'il a rendue hier: au nom du statu quo, il a en effet décidé de maintenir le financement exclusif du clergé catholique de Guyane par l'argent public des Guyanais (lien). Pourtant, élus de tous les bords, en Guyane, étaient d'accord pour mettre fin à cette discrimination anti-laïque d'un autre âge (lien).
Lorsqu'on voit les difficultés économiques de ce beau territoire, on se dit que le million d'Euros que coûte ce système anti-laïque et anti-républicain (si du moins la "République, c'est l'abolition des privilèges") gagnerait à être affecté de manière plus juste.
En attendant, la métropole donne un nouveau et très malencontreux exemple de décalage entre les beaux principes qu'elle revendique et la réalité des privilèges coloniaux qu'elle maintient, donnant du grain à moudre aux indépendantistes, dont il était question dans ce numéro d'été 2016 du magazine Une saison en Guyane (ci-contre).
Pour prendre le recul de l'historien sur le sujet, ô combien complexe, de l'expérience coloniale française en terre d'islam, il faut lire Pierre Vermeren, La France en terre d'islam, Empire colonial et religions, 19e-20e siècle (Paris, Belin, 2016, 431p).
Excellent spécialiste du sujet, par ailleurs professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris I Panthéon Sorbonne, Pierre Vermeren nous propose une synthèse approfondie et pédagogique, qui nous permet de sortir de l'illusion rétrospective d'un Etat laïque et neutre en matière de religion dans l'espace colonial.
Hier s'est déroulée, en France, la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage, et leur abolition. Pour revenir sur ces manifestations, il faut lire l'écrivaine Maryse Condé, sur le site de RFi, qui explique les raisons de la mise en place de cette journée, et souligne qu'en dépit de progrès, "la traite et l'esclavage" restent "marginalisés dans l'imaginaire français".
On rappellera que Maryse Condé est notamment l'auteure de Moi, Tituba, sorcière noire de Salem (1986), qui éclaire sous un jour différent l'incroyable histoire des sorcières de Salem dans l'Amérique coloniale puritaine.
"Cet acte de terrorisme en France n’est selon moi pas du tout une marque de faiblesse. Il illustre une guerre qui nous est déclarée. L’État islamique essaie de faire en France ce qu’il a parfaitement réussi en Irak, en multipliant les violences envers certaines communautés, à savoir finir par convaincre les différentes communautés qu’elles ne pouvaient plus vivre ensemble."
Excellente analyse de mon collègue Pierre-Jean LUIZARD, chercheur CNRS et membre du GSRL, auteur du Piège Daech, à lire sur Médiapart.
Lien.
Au cours du XIXe siècle, catholicisme et islam deviennent les deux religions majoritaires en Algérie. Alors que l’islam est attesté depuis des siècles, le catholicisme est assimilé au conquérant. Comment la France a-t-elle procédé dans ses relations avec ces deux religions? Et que nous disent ces relations de la réalité coloniale?
C'est par cet ouvrage important que Oissila Saaidia retrace ici les étapes qui ont conduit à «l’invention du culte musulman». Le catholicisme apparaît, lui, comme l’un des piliers de l’ordre colonial bien que des tensions apparaissent avec la République anticléricale.
Les protestants d'Algérie? Ils ne sont pas l'objet premier de ce livre de référence. Pour mieux les cerner, rappelons aussi la belle synthèse de Zohra Ait Abdelmalek (lien).
André Gide (1869-1951) n'est pas seulement un grand écrivain français, prix Nobel de littérature en 1947.
Imprégné de protestantisme, c'est aussi un intellectuel engagé et un précurseur de la critique anticoloniale (voir ses Voyage au Congo et Retour du Tchad).
Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, il vaut la peine de se pencher sur un blog très documenté, qui croustille de talent, d'érudition et d'espièglerie.
Intitulé e-gide, il propose à notre curiosité la "Chose Gidesque pour les Gidards de la Giderie... et les autres!"
Tout un programme...
"On a sacrifié les noirs au lieu des blancs".
Cent ans près le déclenchement de la Première Guerre Mondiale, la question des troupes coloniales refait surface, nourrissant y compris des enjeux religieux et mémoriels. L'épisode tragique du Chemin des Dames (1917), où 21 bataillons de tirailleurs sont décimés, illustrerait-il un choix délibéré de sacrifier les "tirailleurs sénégalais" (qui venaient en fait de toute l'Afrique sub-saharienne "française")?
C'est pourtant à ce qui est présenté comme une "idée reçue" que s'attaque un article du magazine Guerre et Histoire, actuellement en kiosque (n°18, avril 2014, p.52-53).
Un matin de juin 1933 à Port Saïd (Egypte), suite à un conflit d'autorité, une petite fille musulmane est flagellée par son enseignante suisse, rattachée à une école et orphelinat dirigé par la Salaam Mission, organisation protestante évangélique suédoise. Cet épisode va engendrer un immense débat en Egypte, une vague d'indignation, et pousser les Frères Musulmans à se structurer, en copiant parfois (en version musulmane) sur les organisations missionnaires évangéliques.
Cette histoire passionnante, déjà racontée dans un large contexte par Heather Sharkey (lien), est revisité par Beth Baron sous la forme d'une monographie à paraître, sous le titre The Orphan Scandal, Christian Missionaries and the Rise of the Muslim Brotherhood (Stanford University Press, 2014).
Lien vers l'éditeur ici, extrait là.
Parmi les livres que l'on peut consulter au DEFAP (voir note du 17 juillet 2012), ce somptueux volume de Didier Grandsart intitulé Paris 1931, revoir l'exposition coloniale (Paris, ed. FVW, 2010).
En 263 pages magistralement illustrées et bien commentées, on est transporté dans l'expo comme si l'on y était (tenue du 6 mai au 15 novembre 1931), sans oublier les enjeux religieux qui sont traités comme il se doit.
Parmi les livres que l'on peut consulter au DEFAP (voir note du 17 juillet 2012), ce somptueux volume de Didier Grandsart intitulé Paris 1931, revoir l'exposition coloniale (Paris, ed. FVW, 2010).
En 263 pages magistralement illustrées et bien commentées, on est transporté dans l'expo comme si l'on y était (tenue du 6 mai au 15 novembre 1931), sans oublier les enjeux religieux qui sont traités comme il se doit.
Vous ne connaissez pas Ota Benga? Jusqu'à ma dernière visite au musée du Quai Branly, moi non plus.
On connaît mieux Saartjie Baartman, la fameuse "Vénus Hottendote" au tragique destin, immortalisé l'an dernier au cinéma.
Tragique et emblématique, l'histoire du Congolais Ota Benga l'est aussi.
Voici son histoire.