L'actualité récente, venue du Kenya, nous le rappelle : l'épouvantable drame de la secte de Shakahola, intitulée "Église internationale de la Bonne Nouvelle", invite à la vigilance. En attendant l'enquête, les premiers éléments de ce dossier révèlent des logiques d'emprise écrasantes, doublées d'une forme de clôture de la communauté, et de prescriptions ascétiques extrêmes (jeûne jusqu'à la mort "pour rencontrer Jésus"). Autant dire que la lutte contre les dérives sectaires est une exigence citoyenne, qui peut sauver des vies.
décolonisation
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Décolonisons la lutte anti-secte
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« L'Afrique a l'occasion de proposer une nouvelle utopie »
L’Afrique a été considérée, après la décolonisation, comme un « réservoir de misères ». Aujourd’hui, les projections économiques deviennent favorables. Comment se situer entre catastrophisme et optimisme?
L’écrivain et économiste sénégalais Felwine Sarr, agrégé d'économie et professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis-du-Sénégal, estime que ses atouts donnent à l’Afrique l’opportunité d’inventer un nouveau modèle de développement.
Un entretien et un Grand Dossier de la revue Sciences Humaines à retrouver ici (lien).
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(Ultra)Modernités postoloniales en débat (GSRL)
Le GSRL (UMR 8582) s’est retrouvé à Ivry-sur-Seine, le mois dernier, pour un quatrième séminaire interne particulièrement marquant, car, couplé cette fois-ci avec un atelier théorique, ce qui a donné l’occasion d’un format adapté et rallongé, avec deux orateurs principaux et un temps plus substantiel donné à l’échange. Le thème central du jour était Modernité, modernités multiples, ultramodernités.
La réflexion commune s’est articulée autour de la perspective d’un historien, Pierre-Jean Luizard (CNRS), venu présenter son dernier livre, La République et l’islam, aux racines du malentendu (Paris, Tallandier, 2019), et l’approche d’un sociologue, Jean-Paul Willaime (EPHE), venu détailler les différentes déclinaisons de la modernité et de son prolongement ultramoderne, en prenant comme point d’appui l’hypothèse des modernités multiples de Schmuel Eisenstadt.
Un résumé détaillé est disponible sur le site du GSRL (lien).
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Algériennes, la guerre d'Algérie côté féminin (BD)
A signaler, dans le très bon magazine Gazelle de mars-avril 2019, un dossier sur "Féministes et musulmanes", et aussi cette double page (p.22-23)sur une BD de Swann Meralli et Deloupy, chez Marabulles.
Intitulée Algériennes, cette BD nous propose de voir "la guerre d'Algérie du côté féminin", donnant la parole aux femmes, grandes oubliées de la 'grande guerre des hommes".
"A travers l'enquête de béatrice, le scénario de Swann Méralli permet de survoler l'ensemble de la guerre d'Algérie, de saisir les enjeux et les différents personnages, issus d'un camp ou d'un autre. (...) L'album est servi par de belles planches, accessibles à un jeune lectorat".
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Etudes postcolonales et décoloniales: repères
Pour aller plus loin sur les enjeux posés par les études postcoloniales et décoloniales, rappelons d'abord l'écart entre la militance associative (avec ses points forts mais aussi ses dérives, cf. discours sectaires et racialistes de Houria Bouteldja) et la recherche. Cette dernière a vocation à produire de l'analyse, du recul, en s'affranchissant des discours préconstruits et des idées reçues. En sciences sociales, l'angle postcolonial et décolonial, lorsqu'il évite le dérapage militant et ouvre au débat, peut permettre aujourd'hui de mieux penser nos objets d'étude.
Voici quatre références (parmi bien d'autres) pour s'y retrouver. Capucine Boidin, en 2009, avait signé un bel article intitulé "Etudes décoloniales et postcoloniales dans les débats français" (lien). Un an plus tard, un article de Sciences Humaines "Faut-il brûler les études postcoloniales" (lien) mettait en dialogue Jean-François Bayart, auteur d'un livre très critique (lien), et l'ouvrage collectif Ruptures postcoloniales (ed. La Découverte), qui invite à la nuance et à l'enquête de terrain (lien).
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Dénoncer le "décolonialisme" (sic)? Recadrage par Ludivine Bantigny
Une éclairante controverse traverse actuellement le champ des sciences sociales (et de l'intelligentsia) en France. Tout est parti d'une charge violente et argumentée, au ton alarmiste, contre le "décolonialisme" (sic). Elle a été signée par 80 intellectuels, et non des moindres (lien). L'idée vise à alerter sur la nocivité supposée des rhétoriques post- ou décoloniales, dont on estime que les stratégies "attaquent frontalement l'universalisme républicain" (sic).
La mouvance ainsi attaquée n'a pas répondu sur le même mode.
Mais une historienne, Ludivine Bantigny, a apporté une réponse vigoureuse, argumentée (elle aussi).... et nettement plus convaincante à mes yeux (lien). En-dehors de quelques nuances, je souscris au texte de Ludivine et je la remercie.
A partir de mon long parcours intellectuel d'historien du contemporain, mais aussi éclairé par mon itinéraire personnel, je suis profondément convaincu, comme cette collègue, qu'on ne pourra mieux réaliser les promesses de la République, si souvent trahies, qu'en passant par le décentrage décolonial et postcolonial. Et il y a encore du boulot!
Cet exercice provoque certes des dérives, parfois graves, dont il convient de combattre le sectarisme. Mais le décentrage lui-même est salutaire, nécessaire, et porteur d'espoir.
A suivre...
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Christianisme postcolonial, corps & identités, lire Pamela Millet-Mouity
La décolonisation des esprits prend plus de temps que la décolonisation politique.
Y compris en sciences sociales, où nombre paradigmes ou évidences, vite universalisés, se révèlent en réalité largement eurocentrés, et aveugles à d'autres perspectives.
La sécularisation, le genre, le rapport au corps.. Bien des axes de recherches méritent d'être retravaillés. L'anthropologie nous est d'une très grande aide dans ces ré-élaborations, notamment parce qu'en raison de sa méthodologie inductive, elle est moins vulnérable aux chapelles idéologiques et aux carcans conceptuels gentillement (mais fermement) imposés par une partie du milieu universitaire en place.
Nous avons la chance, en France, de bénéficier d'une très dynamique et très compétente communauté d'anthropologues, y compris sur le fait religieux, qui nous aident à avancer.
Ce blog a déjà mentionné plusieurs de ces apports. Sur l'enjeu du rapport au corps (que j'ai conscience de n'avoir qu'effleuré dans Gospel et francophonie), je voudrais aussi signaler les travaux de fond de Pamela Millet-Mouity (CESOR, EHESS), qui va bientôt soutenir sa thèse de doctorat (lien). Pour les questions d'identité, de rapports de genre, de sexualité, mais aussi de recompositions de l'évangélisme postcolonial, elle apporte des éclairages précieux et novateurs. Une chercheuse à suivre.
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James H. Cone (1936-2018)
Père de la Black Liberation Theology, longtemps professeur au Union Theological Seminary de New York, près de Harlem (Etats-Unis), le théologien américain James H. Cone s’est éteint le 28 avril 2018 à l’âge de 81 ans.
Son influence intellectuelle a largement dépassé la sphère nord-américaine. Il est notamment étudié dans de nombreuses facultés de théologie francophones.
Lire la suite sur le Fil-info Francophonie, Regardsprotestants.com (lien).
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Guyane: mettre fin aux privilèges coloniaux du clergé catholique
A lire dans La Croix la prise de position ferme et solidaire de l'évêque de Cayenne, Mgr Lafont, au sujet des mouvements sociaux en Guyane, destinés à alerter sur le manque de volontarisme étatique pour corriger inégalités et insécurité. Le représentant catholique soutient les revendications qui visent à "obtenir du changement", y compris en réformant les immobilismes et héritages néocoloniaux qui plombent la société locale.
Pour passer de la parole aux actes, une initiative logique serait de mettre fin aux privilèges coloniaux (hérités de 1828) qui obligent le contribuable guyanais à financer tout le clergé catholique local. Rompre avec cette discrimination officielle héritée du temps des colonies est une mesure de justice élémentaire, qui permettrait de réaffecter les sommes à l'intérêt général (y compris la sécurité publique), replaçant par ailleurs les cultes sur un pied d'égalité.
Rappelons que ce débat traverse la société guyanaise depuis quelques années, et ce blog s'en est fait l'écho (lien).
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Au-delà des réactions épidermiques, comprendre le phénomène DAECH
La décapitation en Algérie de l'otage français Hervé Gourdel par un groupe islamiste (23/09/2014) a suscité, en France, une immense émotion. Les assassins se réclament de la mouvance de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qu'on appelle désormais Daech dans les médias français (ce qui en réalité ne change rien).
Comment comprendre? Au-delà des réactions épidermiques ou des ronds de manche de pseudo-spécialistes qui, tout en prophétisant depuis 25 ans le déclin de l'islamisme, continuent à occuper l'espace médiatique, il existe heureusement quelques excellents experts pour nous guider, à commencer par Pierre-Jean Luizard, du CNRS.
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Modernités plurielles au Centre Pompidou (Paris)
Les vacances nous donnent l'occasion de (re)découvrir musées, patrimoine et carrefours culturels, comme le Centre POMPIDOU à Paris (Beaubourg), qui reconfigure ses collections sous l'angle des MODERNITES PLURIELLES (1905-1970).
L'idée est de décentrer le regard et de "décoloniser l'art" en valorisant notamment les apports asiatiques, africains, latino, rejoignant, sous l'angle de l'art, ce que Schmuel Eisenstadt a fait pour la sociologie générale et la sociologie des religions au travers d'une réflexion sur les "modernités multiples" (lien) qui désoccidentalise utilement le regard.