Très largement soutenue par l'establishment financier, médiatique et politique des Etats-Unis, Hillary Clinton, femme-courage hyper compétente, était partie pour être la prochaine présidente des Etats-Unis.J'avais préparé ma blognote à 2H30 du matin, saluant l'événement, qui aurait été aussi un jalon fort dans la conquête, par les femmes, de la magistrature suprême...
Mais la crise sociale et culturelle aux Etats-Unis était telle que le vote populaire a déjoué tous les pronostics. Le ticket Trump-Pence l'a emporté. C'est une énorme surprise, un gigantesque choc, car jamais un président américain n'a été à ce point peu préparé à gouverner. Et jamais un candidat n'avait manié à ce point le registre ordurier dans une campagne américaine. La démocratie a parlé. Donald Trump sera le prochain locataire du Bureau ovale, et Twitter va chauffer comme jamais.
Ce séisme électoral de magnitude 10 doit inviter chacune et chacun à l'auto-examen. La remise en cause. N'avons nous pas sous-estimé la colère populaire? Ne sommes-nous pas tombés dans le piège du buzz, réduisant Trump à sa caricature, en oubliant trop facilement sa force de travail spectaculaire, et les axes d'une politique néo-protectionniste (pour l'intérieur) et anti-saoudienne (pour l'extérieur) qui méritent mieux que notre seul mépris?
Là-dessus, un des très rares intellectuels français (aimé ou détesté) qui avait perçu cela est Emmanuel Todd (lien), qui voit dans le vote populaire Trump un "recentrage démocratique". L'inquiétude, légitime, ne doit pas nous paralyser. Retroussons-nous les manches, allons sur le terrain avec pragmatisme, au plus près des hommes et des femmes qui souffrent et doutent, et redoublons de créativité et d'énergie pour construire un monde juste et fraternel.