Comment faire vivre ensemble des individus égaux en droits et différents par leurs convictions?
Pour répondre à ce défi venu de l’avènement de la modernité et de la déconstruction de l’unité de foi qu’elle a impliquée, la France a instauré, à partir de 1789, un régime «laïque» d’existence politique: l’État se plaçait hier au service de la vérité religieuse ; on lui assigne désormais de simplement assurer, dans l’ordre, la liberté de conscience de ses assujettis.
Ce régime de sécularité ne s’est pas axé toutefois dans un modèle unique d’articulation de la relation entre le pouvoir politique et les communautés de croyances. Au cours des deux siècles qui viennent de s’écouler, tout en s’adossant, continûment, au double principe de neutralité de l’État et de liberté de conscience, la politique religieuse de la France a épousé des formes variées, sous la pression des conjonctures politiques, et, plus encore, des transformations de la figure même de la modernité.
Ce magistral ouvrage de Philippe Portier, directeur du GSRL, se propose de rendre compte de ces mutations, en repérant, depuis la Révolution, trois grands moments dans l’agencement de la laïcité.