L'élection du candidat populiste d'extrême droite Jair Bolsonaro à la tête du Brésil fait les titres des journaux ce matin. Il y a de quoi. Le Brésil est un géant qui souffre. Quel avenir se profile avec un tel président, nostalgique de la dictature militaire, tout juste rescapé d'une tentative d'assassinat?
Du point de vue religieux, trois rappels sont nécessaires pour éclairer son profil. D'abord, Jair Bolsonaro est catholique. Il a été porté au pouvoir par une grande part du catholicisme populaire brésilien, qui reste majoritaire. Ensuite, Bolsonaro, en catholique born-again (baptisé en 2016), a profité d'un large soutien des protestants évangéliques, force montante au Brésil (cf. le livre de Lamia Oualalou).
Enfin, il a bénéficié de l'effondrement de crédibilité du messianisme socialiste animé par Lula (mis en prison pour corruption) et Rousseff (destituée).
Au-delà des effets de manche et des mantras, ce dernier élément constitue la raison principale du soutien d'une majorité d'évangéliques à Bolsonaro: sociologiquement, les Evangelicos brésiliens viennent très majoritairement des milieux populaires. Ceux-là même qui ont ressenti le plus durement un sentiment d'abandon vis-à-dis des socialistes du Parti Populaire, censés les défendre.
Quand la gauche de gouvernement trahit ses valeurs, l'électorat populaire se tourne vers d'autres recours.