Eh oui, pourquoi pas ? À peine l’élection de Barack Obama confirmée, des voix se sont empressées, en France, de dénoncer l’impossibilité d’un Barack Obama français.
Et inviter à bouger les lignes.
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Eh oui, pourquoi pas ? À peine l’élection de Barack Obama confirmée, des voix se sont empressées, en France, de dénoncer l’impossibilité d’un Barack Obama français.
Et inviter à bouger les lignes.
Dans une note sur George Frêche, je brocardais le manque de contrôle des conseils régionaux.
Le conseil régional picard, décidément au coeur de l'actualité, nous en donne un nouvel exemple.
Ces dernières semaines, le débat sur la laïcité fait rage. Suite aux discours du Latran, de Ryad, sans compter les déclarations récentes d’Emmanuelle Mignon, sa conseillère, au sujet des sectes, la France s’interroge.
Où donc se situe Nicolas Sarkozy sur la laïcité?
L’interview d’Emmanuelle Mignon dans VSD (20 février 2008) au sujet des sectes a donné lieu à une comédie en trois actes.
Acte 1, le dérapage, acte 2, les réactions, acte 3, le recadrage.
Ces derniers jours, deux drames du Val d’Oise ont fait les gros titres. Le premier s’est déroulé le 25 novembre 2007. Ce jour-là, Anne-Lorraine Schmidt, 23 ans, se rendait à la messe en RER. Seule dans un wagon, la jeune femme a été victime d’un violeur.
Elle s’est défendue, elle a été poignardée, elle est morte. Le second s’est déroulé du 25 au 27 novembre 2007, avec les scènes de guerilla urbaine à Villiers-le-Bel (plus de 80 policiers blessés), suite au décès accidentel de deux jeunes motards, Moushin et Larami, venus percuter une voiture de police.
La situation française aujourd’hui est assez simple: nous sommes confrontés aux effets des rééquilibrages internationaux inévitables produits par la globalisation:
-entrée dans l’Europe de pays comme la Roumanie, où la main d’œuvre coûte 4 fois moins cher qu’en France,
-concurrence de nouveaux géants manufacturiers comme la Chine,
-avec en prime, l’allongement inexorable de la durée de la vie qui allourdit d’autant le fardeau des retraites.
Que l’Education Nationale aille mal, ce n’est pas un scoop, et la Gauche comme la Droite partagent une responsabilité.
Que Nicolas Sarkozy n’ait pas effectué tout l’effort budgétaire nécessaire vis-à-vis de l’éducation, c’est une autre évidence (on en reparlera plus tard dans ce blog, y compris sur les questions de la recherche).
Faut-il, pour le dénoncer, tomber dans l’indécence agressive et obscène?
Je sais, je sais, «on» va m’en vouloir de critiquer ainsi l’Agence Nationale de la Recherche, nouveau juge de paix en matière de financement des gros projets scientifiques.
Mais si j’ai choisi de faire de la recherche, c’est en large partie pour des raisons de liberté intellectuelle auxquelles je tiens.
Or, l’ANR, qui a recalé au début de cet été le projet Dieu Change à Paris, projet sur lequel j’ai investi deux ans de travail, ne m’inspire pas confiance.
Pour éclairer le débat nourri par ma note précédente, je vous invite de toute urgence, chers internautes, à lire le dernier essai de Julien Landfried (directeur de l'Observatoire du Communautarisme). Il s'intitule "Contre le communautarisme", et est publié chez Armand Colin.
Je n'aime pas qu'on agite à tout bout de champ le spectre du communautarisme. Alain Finkielkraut, évoqué il y a peu dans ce blog, a eu tort, de ce point de vue, de prêter aux émeutes urbaines parisiennes de l'automne 2005 un caractère principalement "ethnico-religieux", car je crois que les causes étaient avant tout sociales, et non communautaires.
Mais ce n'est pas une raison pour évacuer cet enjeu.
Lucie Aubrac (1912-2007) nous a quittés le 14 mars 2007. Je jette cette bouteille à la mer (surfeurs, ramassez-là!). Pourquoi pas réfléchir au transfert de la dépouille de Lucie Aubrac au Panthéon? Ce temple à la mémoire des grandes figures de la République ne compte, à ce jour, qu'une seule femme, en l'occurence Marie Curie.
Les candidats à la présidentielle ont répondu aujourd'hui au Conseil représentatif des associations noires (CRAN) au sujet de la question du recensement de la diversité ethnique. Résultat: ça bouge! On semble enfin prêt (avec plus ou moins d'enthousiasme) à connaître la réalité empirique d'une population-mosaïque afin de mieux pouvoir lutter contre les discriminations.
Cette évolution que je salue (tout en étant vigilant sur les modalités d'exploitation des futures données) est pour moi l'occasion de revenir sur Alain Finkielkraut, que j'avais épinglé il y a quelques mois dans une note pour ses propos très tendancieux sur les noirs.
Il existe, en France, au moins trois grandes options pour gérer la diversité.
La première, que j'appellerais "républicaine idéaliste", scande les absolus républicains et laïques, ne veut pas entendre parler d'enquêtes ou de recensements de la diversité empirique de la population, et campe sur une rhétorique rigide, volontiers nostalgique, qui agace ceux (et ils sont nombreux) qui se sentent laissés pour compte.
L'abbé Pierre est mort le lundi 22 janvier 2007. En hiver. Comme pour laisser une place au chaud à un sans abri de plus. Ou aux jeunes qui prendront la relève, comme l'exprime ce dessinateur, Placide.
Respect. Honneur à un homme et un chrétien qui a su rassembler, au-delà des clivages, la France généreuse.
Mais au-travers-lui, honneur aussi aux milliers d'anonymes, non-starisés, oubliés des cameras, qui poursuivent le même idéal.
Je me souviens, à l’automne 2004, d’un interview durant lequel le télévangéliste ultraconservateur Pat Robertson décrivait John Kerry comme «Jean-François Kerry», bref, «the French».
En le qualifiant de «Français», des gens comme Robertson savaient ce qu’ils faisaient: dans un contexte de relations difficiles avec l’allié français, désigner Kerry comme «Français» revenait à dire, «cet homme n’est pas complètement des nôtres, ne votez pas pour lui».
Les fêtes de Noël et Nouvel An ne sont-elle pas sous le signe de l’enfant? Ce contexte me semble bien choisi pour quelques commentaires sur le dernier rapport parlementaire intitulé «L’enfance volée. Les mineurs victimes des sectes» (remis à l’Assemblée Nationale le 12 décembre 2006), que j’ai lu de près. Présidé par le député Georges Fenech (photo ci-contre), ce travail de 213 pages tire profit de 65 auditions, conduites par 30 parlementaires, dans le cadre d’une commission qui a commencé son travail le 28 juin 2006. Je me bornerai à trois remarques.
Sérieux s'abstenir! Fidèle à mon habitude d'intercaler, dans les notes de ce blog, quelques sujets légers, je ne voudrais pas rater l'occasion de rendre hommage, de manière parfaitement subjective, à la nouvelle Miss France! Et adresser mes félicitations au Limousin de Jean Baubérot, battu sur le fil par ma Picardie d'adoption!!!
Oui, je reconnais que la question est un peu oiseuse. Comment juger la générosité des peuples? Laissons donc de côté la tentation de répondre par "oui" ou par "non", pour focaliser sur l'évaluation des dons aux organisations charitables. Une Fondation britannique (la Charities Aid Foundation) a rendu publique il y a deux jours une étude comparative sur douze grands pays, en listant par ordre décroissant le pourcentage des dons par rapport au produit intérieur brut. Je vous laisse deviner où se situe la France. Ensuite, cliquez sur la suite, avec le tableau des résultats.
Lors du Conseil d'agglomération de Montpellier, le 16 novembre 2006, le président du conseil régional George Frêche a déclaré, au sujet de l'équipe de France de football: «Dans cette équipe, il y a neuf blacks sur onze. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais, là, s'il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls. J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze blacks.»
Ces propos à caractère raciste peuvent être rattachés à la personnalité de Frêche, figure à part qui n'en est pas à son premier dérapage. Mais on peut aussi les interpréter autrement.
Janine Tavernier est bien connue des spécialistes de la question sectaire. Entrée dans le mouvement anti-sectes en raison de l'embrigadement de son mari dans l'organisation Ecoovie, Jeanine Tavernier a longtemps présidé l'UNADFI (de 1993 à 2001), principale organisation de lutte contre les sectes. On ne peut l'accuser d'angélisme. Son propos critique sur l'approche anti-sectes actuelle est d'autant plus à prendre au sérieux, confirmant de nombreuses appréciations convergentes (dont la mienne, cf note du 8 juin 2006). Pour Janine Tavernier, on pèche aujourd'hui par amalgame en mélangeant tout.
Jean-François Collange (photo ci-contre) et Geoffroy Goetz m’ont fait l’honneur, dans les colonnes de l'hebdomadaire Réforme, de répondre à mon billet sur le rapport Machelon.
Je vous renvoie à leur texte, consultable sur le site du journal. Je ne reviendrai pas sur tout leur argumentaire.
Je m’arrêterai seulement sur quatre points: l’inconsistance du privilège financier des concordataires, qui ne bénéficieraient, dixit, que de «salaires plus que modestes», l’origine FPF du rapport, la nécessité de rénover la laïcité en s’appuyant sur d’autres exemples européens, et enfin, l’idée que la religion, au fond, c’est une forme de service public.
Alain Duhamel a le droit de critiquer sévèrement Ségolène Royal, et de l'écrire. La gaffe de Ségolène, qui l'a conduite à dire, au sujet de la Turquie, "mon opinion est celle du peuple français", peut effectivement prêter à du soupçon, même si une lecture en contexte conduit à conclure à une "boulette" plus qu'à un mode de fonctionnement régulier.
Les religions de France observent avec attention les débats présidentiels qui se dessinent en vue des élections de 2007. La première d'entre-elles, le catholicisme, vient de produire un texte dense, riche et très bien écrit.
Il s'agit de "Qu'as-tu fait de ton frère?", un message de la Conférence des évêques de France à l'occasion des prochaines élections", diffusé en ce 18 octobre 2006. Vous pouvez notamment le lire en PDF en cliquant ici.
Parmi les penseurs musulmans français, Soheib Bencheikh fait partie des plus clairvoyants, des plus courageux. Ancien grand mufti de Marseille, diplômé de l'EPHE, il s’est exprimé dans le dernier Charlie Hebdo (4 octobre 2006) sur les projets d’aménagement de la laïcité concotés par Nicolas Sarkozy.
Il n'est pas tendre pour ce dernier. Extrait: "Monsieur Sarkozy mène un double jeu: quand il met en exergue l'UOIF, il banalise les courants les plus radicaux de l'islam et officialise leur intégration dans le paysage français (...) En même temps, à la manière de Bush, il profite de la peur que cela peut susciter dans les rangs de l'extrême droite, voire de la droite classique, pour en récolter les fruits".
Voici maintenant ce que Soheib Bencheikh pense des projets de révision de la loi de 1905:
«La République, c’est l’abolition des privilèges, pas la distribution clientéliste de ceux-ci»
Tout le monde est d’accord pour dire que la laïcité française est un bien fragile. Depuis les émeutes urbaines de novembre 2005, on a le sentiment que le feu couve. Pour réfléchir à des solutions, le rapport présidé par Jean-Pierre Machelon (ci-contre), réalisé à l’aide de bons spécialistes, était une idée judicieuse. Hélas, le pompier attendu s’est transformé en pyromane. Au lieu d’éteindre la braise, ce rapport pourrait bien carboniser notre tradition laïque. Voici pourquoi.
Vous vous souvenez, vous, de grandes festivités nationales à l’occasion des 100 ans de la loi de 1905? Ne cherchez pas, il n’y a rien eu. Niet, nada, peanuts. En-dehors des ribambelles de colloques subventionnés par les collectivités locales et l’Etat, pas grand chose à se mettre sous la dent. Rien à voir avec le mémorable défilé Goude sur les Champs-Elysées à l’occasion des 200 ans de la Révolution. Pour Villepin et Chirac, la laïcité ne valait pas une grande fête. On s’est limité, comme l’écrit très bien mon collègue Jean Baubérot, à une «célébration aseptisée du Centenaire».
Allez les Bleus ! Dans ma note précédente, je rappelais que toute équipe qui va loin dans ce Mondial de foot trouvera le Brésil sur sa route. Ce sera le cas des Français, grâce à leur belle victoire hier soir contre l’Espagne. Espérons que ce succès du 27 juin 2006 rabattra un peu la superbe des apôtres de la haine de soi, des chantres de l’auto-dénigrement, qu’on a beaucoup entendus jusque-là.
Par décret du 28 novembre 2002, le Premier Ministre a institué la MIVILUDES, mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Je ne suis pas de ceux qui en contestent la légitimité. En tant que citoyen tout comme en tant que chercheur au CNRS, je suis conscient qu'il peut exister des dérives sectaires, et il m'apparaît normal que la République se penche sur la question dans le but d'informer et de veiller au respect des libertés. Ce qui me pose problème en revanche, c'est quand l'Etat sous-utilise les chercheurs spécialistes du religieux. Avec la MIVILUDES, c'est malheureusement le cas actuellement. Après une phase d'amélioration des rapports, les choses se sont déteriorées au point qu'à l'heure actuelle, si un chercheur en sciences sociales des religions acceptait un poste au conseil d'orientation de la MIVILUDES, ce serait essentiellement pour servir de caution isolée. C'est pourquoi, bien qu'on m'ait fait l'honneur de me proposer un siège au conseil d'orientation de cette structure, j'ai décidé de refuser. Avec d'autres, j'appelle à une remise à plat du mode de fonctionnement. Ce souci d'un débat public me conduit à mettre en ligne ci-dessous le courrier que j'ai adressé au président de la MIVILUDES. Vous pourrez ainsi juger sur pièce et participer au débat citoyen qui nous concerne tous.
Dans le dernier numéro de l'hebdomadaire Réforme, j'ai écrit un article intitulé "Génération Raskolnikov" (du nom d'un héros de Dostoïevski, jeune précaire qui tue une vieille nantie, avant l'expiation et la rédemption).
Je ne reviendrai pas ici sur cette analyse, si ce n'est pour signaler l'excellent dernier article du sociologue Louis Chauvel, dans Le Monde. Il actualise des travaux et des analyses sur lesquels je me suis appuyé dans l'article de Réforme, pour dire, en substance: la génération des enfants de babyboomers est mal partie.
Le thème de la défaillance des élites est explosif. Il a une pertinence, notamment en ces temps de crise de la représentation (voir ma note du 23 mars 2006 sur ce sujet).
Mais mal traité, il dérape facilement dans le populisme, voire le lepénisme. C’est mon souci quand j’entends ou je lis, même chez certaines personnalités des plus respectables, que l’autisme de Dominique de Villepin, responsable de la faillite du CPE, serait dû à sa formation dans une grande école, en l’occurrence l’ENA (École Nationale d’Administration).